L'enfant endormi

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Une croyance vieille de douze siècles circule dans le Maghreb. Elle prétend que, parfois, l’enfant qui va naître s’endort dans le ventre de sa mère, reportant sa naissance de plusieurs mois, voire de quelques années. Au nord-est du Maroc, Zeinab, le lendemain de ses noces, voit son époux quitter le pays pour chercher du travail en Espagne. Enceinte, elle a recours à la magie blanche pour endormir son foetus. Commence alors une longue attente au sein d’une microsociété presque exclusivement féminine, où les héritages de la tradition s’avèrent vite pesants.

Le scénario de «L’Enfant endormi» a été primé lors de la Bourse d’aide au développement à Montpellier en 2000 et a reçu le Trophée du premier scénario jeunes talents CNC à Paris en 2003.


Extraits d'une interview de Yasmine Kassari parue dans Cinergie N°89:

D'où vient cette légende de l'enfant endormi?
En fait, j'ai emprunté un mythe qui existe depuis la nuit des temps, notamment au Maghreb. Ce mythe m'intéressait dans la mesure où il est porteur de sens par rapport à ce que je voulais raconter. Ce qui m'intéresse ce n'est pas du tout une lecture sociologique ou anthropologique de ce mythe, mais son contenu métaphorique.

En quoi consiste ce mythe?
L'endormissement du foetus (le raged) consiste à endormir, par voie de sorcellerie blanche, un enfant dont la mère ne souhaite pas la naissance immédiate. Soit parce qu'elle a trop d'enfants et veut retarder l'arrivée du suivant. Soit parce qu'elle est veuve ou répudiée et pas encore remariée. Soit parce que son mari a émigré à l'étranger et qu'elle veut attendre son retour pour mettre son enfant au monde, comme c'est le cas dans le film, etc. L'endormissement se fait à la connaissance de tous les gens concernés. Il ne pose de problème à personne. Les hommes y adhèrent autant que les femmes. On y croit.

As-tu fait ce film pour parler du statut de la femme dans les régions agraires du Maroc?
Pas du tout. Je ne suis jamais partie d'une revendication pour écrire un scénario ou pour faire un film. Cela vient d'envies plus profondes. Ce film met en avant des personnages de femmes, mais, avant de parler de ces femmes, j'avais fait un film qui parle des hommes, Quand les hommes pleurent. Je ne crois pas que L'enfant endormi est un film plus centré sur les femmes que sur les hommes. En fait, les hommes existent ici par la force de leur absence. Ils sont en permanence dans le hors-champ. J'ai fait ce film pour parler d'états de choses, d'états de corps qui concerne autant l'homme que la femme.

Tu es attachée à cette région de l'Oriental, au Nord-Est du Maroc, où tu as situé l'action?
C'est une région que je connais bien. J'ai été en vacances près de la rivière du film quand j'étais petite, jusqu'à l'âge de neuf ans. C'est là que j'ai entendu parler pour la première fois du mythe de l'enfant endormi. Aujourd'hui encore, dans la région, on continue à « endormir » comme on le montre dans le film. On y croit dur comme fer.

Yasmine Kassari

Festivals & prix

41 Preise an 31 Festival darunter: - Prix du public et d'interprétation au festival européen "Premiers Plans", Angers 2005 - Venise 2004: Mention "Meilleur film européen" décerné par la Confédération Internationale d'Art et d'Essai (CICAE). - Fribourg 2005: Grand prix du Jury und Preis der Internationalen Filmkritik - Namur 2004: Prix du public de la ville de Namur - Festival Débuts, Koszalin (Pologne), 2004: Grand Prix du festival et Prix d'interprétation décerné à Rachida Brakni - Trophée du meilleur 1er scénario, promesse de nouveaux talents, décerné par le Centre national cinématographique, Paris 2003 - Prix du scénario du Festival « Filmer à tout prix » de Bruxelles - Le PRIX DE LA CRITIQUE et le PRIX DE LA MEILLEURE ACTRICE attribué à Mounia Osfour, du Festival du film francophone de Safi (Maroc -17 Juillet 2006). - Le GRAND PRIX « Griot de Viento », du Meilleur long métrage de la 3ème Muestra de Cine Africano de Tarifa (Espagne - Mai 06) - Le PRIX JOSE RIVERO pour le Meilleur nouveau réalisateur au 7ème Festival international du cinéma de Las Palmas (Avril 06) - Le GRAND PRIX « HADRUMETE D'OR » du Meilleur long métrage pour Jeunes au 7ème Festival International du Film pour l'Enfance et la Jeunesse de Sousse (Tunisie - Mars 06) - La NOMINATION dans la catégorie du Meilleur Film belge pour le PRIX JOSEPH PLATEAUX (Gent -Janvier 06) - Le GRAND PRIX DU JURY pour le Meilleur Film du 4ème Festival du Film Châtenay-Malabry (France - Déc 05). - Le GRAND PRIX du 8ème Festival National du Film marocain à Tanger (10.12.05 et le PRIX DE LA MEILLEURE INTERPRETATION FEMININE à Rachida Brakni ainsi que le PRIX DU MEILLEUR SON au Belge Henri Morelle. - Le PRIX DE LA FEDERATION DE LA CRITIQUE DU CINEMA allemande au Festival International du Film de Tubingen (Allemagne - Nov 05) - Le 1er PRIX du 12th International Women's Film Festival de Torino, Italie (Oct 05) - Le PRIX PARAJANOV du Tbilisi International Film Festival (Georgie - Oct 05) - Le PRIX DU MEILLEUR FILM of the 12th Valdivia International Film Festival (Chili-Oct 05) - La MENTION SPECIALE attribuée par l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie pour l'aide à la promotion 2005 (Namur-Sept 05) - Le PRIX which is the second prize in GWANGJU International Film Festival (Corée du Sud -Sept 05) - Le PRIX DU JURY pour le MEILLEUR FILM du Bos'Art Film Festival 2005 (Bologne, le 30 Août 05). - Le PRIX SPECIAL pour la MEILLEURE REALISATRICE du 3ème Copenhagen International Film Festival (27 Août 05). - Le PRIX SPECIAL DU JURY (ex æquo) du 1er Festival du Film Maghrébin d'Oujda - Maroc (Juillet 05). - Le PRIX DU MEILLEUR FILM de la XIII Mostra Internacional de Films de Dones de Barcelona - Le GRAND PRIX (Premio Vesuvio Award) du meilleur long métrage Europa Mediterraneo ainsi que le PRIX de la fondazione laboratorio mediterraneo au VII Napolifilmfestival (Italie). - La SELECTION de l'ACID au Festival de CANNES 2005 - La SELECTION de « TOUS LES CINEMAS DU MONDE » du Festival de CANNES 2005 - Le PRIX DU MEILLEUR LONG-METRAGE décerné dans le cadre de la 21ème édition du festival VUES D'AFRIQUE de MONTREAL. - Le PRIX DU MEILLEUR REALISATEUR à Yasmine KASSARI (Silver Astor to the best Director) et le PRIX DE LA MEILLEURE IMAGE à Yorgos ARVANITIS au 20ème Festival International de MAR DEL PLATA en Argentine. - Le PRIX PROVINCIA DI MILANO DU JURY du 15° Festival cinema Africano d'Asia e America Latina de Milan. - Le PRIX SPECIAL DU JURY, le PRIX DU JURY FIPRESCI et la MENTION SPECIALE de la FICC au 19ème Festival International de Films de FRIBOURG en Suisse ; - Le PRIX DU PUBLIC et le double PRIX D'INTERPRETATION décerné à Mounia Osfour et à Rachida Brakni, au 17ème Festival Premiers Plans d'ANGERS (France) 2005 ; - Le GRAND PRIX « Great Amber 2004 » et le PRIX D'INTERPRETATION décerné à Rachida Brakni, du Festival de Film de KOSZALIN (en Pologne) ; - La MENTION SPECIALE du Jury de la Compétition Internationale 2004 du 8ème Festival cinéma méditerranéen à Bruxelles ; - Le PRIX DU PUBLIC du XIX Festival International du Film Francophone de Namur 2004 (FIFF) ; - Le « TROPHEE DU MEILLEUR 1er SCENARIO, PROMESSE DE NOUVEAUX TALENTS » décerné par le Centre National Cinématographique (CNC. Paris 2003) - Le Prix de la Bourse d'Aide au Développement du 22ème Festival de Montpellier Nov. 2000 - Sélection aux Ateliers d'Equinoxes 1997 (Plan Média). - Le Prix du Meilleur scénario du Festival « Filmer à tout prix » Bruxelles -1992. RESUME DU FILM : Dans un village du nord-est du Maroc contemporain, le mariage de Zeinab ne ressemble guère à une fête, son époux ayant décidé, avec d'autres, de partir dès le lendemain matin pour l'Espagne dans la clandestinité. Pour eux, il n'y a plus rien à faire au village. Quelque temps plus tard, Zeinab comprend qu'elle est enceinte. Dans l'attente du retour de son mari et sous la pression de la mère de ce dernier, elle fait endormir son foetus. Le temps passe et les espoirs d'un retour s'amenuisent de jour en jour ... Les Films de la Drève, Belgique Le 18 Novembre 2006. / Tel : 00 32 (0) 87 78 35 95 - courriel : dreve@skynet.be e Montpellier, novembre 2000 - Sélection aux Ateliers d'Equinoxes 1997 (Plan Média)
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Fiche technique

Titre original
L'enfant endormi
Titre
L'enfant endormi
RĂ©alisation
Yasmine Kassari
Pays
Maroc
Année
2005
Scénario
Yasmine Kassari
Montage
Susana Rossberg
Musique
Armand Amar, Koussan Achod
Image
Giorgos Arvanitis
Son
Henri Morelle et Madone
Production
Les Films de la Drève
Formats
35mm, DVD
Durée
96 min.
Langue
Arabisch, Französisch, Berber/d/f oder i
Interprètes
Rachida Brakni (Halima), Mounia Osfour (Zeinab), AĂŻssa Abdessamie (Amziane)

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Organisation

Revue de presse

"Bei näherer Betrachtung kommt der Erfolg von Yasmine Kassaris Film allerdings nicht überraschend. Begleitet von einer schönen Kamera (Giorgos Arvanitis, der unter anderem für Theo Angelopoulos und Catherine Breillat arbeitet), wirft die Regisseurin einen differenzierten Blick auf eine Region, die durch die politische Aktualität unvermittelt wieder in den Mittelpunkt des Interesses gerückt ist." Tages-Anzeiger "Wie Zeinab und Halima nun beginnen, an ihre Männer per Video-Brief zu appellieren, und sie bitten heimzukehren, so werden auch die Filmbilder in ihrem Wechsel zwischen bunter Sinnlichkeit und monotoner, karger Landschaft als Gefühlsbarometer der beiden Frauen lesbar." Neue Zürcher Zeitung "Yasmine Kassari beleuchtet in ihrem Spielfilm die Emigration aus der eher selten eingenommenen Perspektive der Zurückgelassenen. Sie porträtiert die zwei Frauen mit viel Geschick, ohne für die eine oder andere Partei zu ergreifen. Wegen dieser klugen moralischen Zurückhaltung und dank der subtilen Kamerarbeit von Giorgos Arvanitis ist ihre eine intime Milieustudie gelungen." Züritipp "Die Eigendynamik dieser geschlossenen Frauengesellschaft wird von Kassari unaufdringlich und doch berührend geschildert." Basler Zeitung "L'enfant endormi ist ein Film, der weitgehend im Atmosphärischen bleibt und der in Bildern weit mehr zu erzählen weiss als so manche wortreiche Abhandlung über das Drama der Emigration, das gerade in diesen Tagen wieder erschreckende Aktualität erreicht hat." St. Galler Tagblatt "L'enfant endormi" est une vraie réussite qui témoigne à la fois d'une maîtrise formelle épatante pour un premier film et d'un discours à rebrousse-poil, propre à susciter la réflexion. En effet, la réalisatrice bouscule, en douceur mais avec détermination, les clichés sur le Maroc, le monde musulman et la perception que nous avons, pour nous offrir une histoire à hauteur d'hommes, de femmes surtout, même si les hommes, par leur absence, y jouent un rôle essentiel. Au travers de beaux portraits, elle propose une réflexion sur l'aspiration à la liberté, à la gestion de sa propre vie, mais aussi sur les ravages de la dérégulation d'une économie agraire jadis prospère. "L'enfant endormi" repose sur une grande épure formelle qui met en valeur toute la richesse de son discours. Cinergie Avec pudeur, sensibilité, intériorité, tout en dévoilant une variété de tempéraments, la réalisatrice marocaine formée en Belgique sonne le réveil de ces femmes endormies, un film poignant et dégraissé de tout sentimentalisme. La Libre Culture Taktvoll, einfühlend und mit intimem Blick nähert sich die marokkanische Regisseurin einer Vielfalt weiblicher Temperamente und rüttelt die Frauen aus ihrem Schlaf ? ein ergreifender Film, frei von jeglicher Gefühlsduselei. La Libre Culture Die verlassenen Frauen filmt Kassari schnörkellos und überwältigend. Wenn sich die Kamera zuweilen etwas zurücknimmt, so lässt sie damit nur Verzweiflung und Einsamkeit stärker hervortreten. Ein schöner Film, der mehr über Immigration aussagt, als viele Worte. La Liberté Yasmine Kassari gelingt das perfekte Gleichgewicht von Realismus und Darstellung. Ihr Werk strahlt eine ungeheure Lebenskraft aus. Le Matin, Marokko Sans fioriture, Kassari filme merveilleusement ces femmes abandonnées. Et si sa caméra prend par instant du recul, ce n'est que pour dire la désolation, la solitude. Un beau film qui en dit plus sur l'immigration que bien des discours. La Liberté Extraits d?une interview de Yasmine Kassari parue dans Cinergie N°89 D?où vient cette légende de l?enfant endormi ? En fait, j?ai emprunté un mythe qui existe depuis la nuit des temps, notamment au Maghreb. Ce mythe m?intéressait dans la mesure où il est porteur de sens par rapport à ce que je voulais raconter. Ce qui m?intéresse ce n?est pas du tout une lecture sociologique ou anthropologique de ce mythe, mais son contenu métaphorique. En quoi consiste ce mythe ? L?endormissement du foetus (le raged) consiste à endormir, par voie de sorcellerie blanche, un enfant dont la mère ne souhaite pas la naissance immédiate. Soit parce qu?elle a trop d?enfants et veut retarder l?arrivée du suivant. Soit parce qu?elle est veuve ou répudiée et pas encore remariée. Soit parce que son mari a émigré à l?étranger et qu'elle veut attendre son retour pour mettre son enfant au monde, comme c?est le cas dans le film, etc. L'endormissement se fait à la connaissance de tous les gens concernés. Il ne pose de problème à personne. Les hommes y adhèrent autant que les femmes. On y croit. As-tu fait ce film pour parler du statut de la femme dans les régions agraires du Maroc ? Pas du tout . Je ne suis jamais partie d?une revendication pour écrire un scénario ou pour faire un film. Cela vient d?envies plus profondes. Ce film met en avant des personnages de femmes, mais, avant de parler de ces femmes, j?avais fait un film qui parle des hommes, Quand les hommes pleurent. Je ne crois pas que L?enfant endormi est un film plus centré sur les femmes que sur les hommes. En fait, les hommes existent ici par la force de leur absence. Ils sont en permanence dans le hors-champ. J?ai fait ce film pour parler d?états de choses, d?états de corps qui concerne autant l?homme que la femme. Tu es attachée à cette région de l?Oriental, au Nord-Est du Maroc, où tu as situé l?action ? C?est une région que je connais bien. J?ai été en vacances près de la rivière du film quand j?étais petite, jusqu?à l?âge de neuf ans. C?est là que j?ai entendu parler pour la première fois du mythe de l?enfant endormi. Aujourd?hui encore, dans la région, on continue à « endormir » comme on le montre dans le film. On y croit dur comme fer. Yasmine Kassari