Le grand voyage

A quelques semaines du bac, Réda, un lycéen d'une vingtaine d'années vivant dans le sud de la France, est contraint de conduire son père en voiture jusqu'à la Mecque. Dès le départ, le voyage s'annonce difficile, car tout sépare le père et le fils. Leur communication est réduite au minimum. Réda veut vivre ce voyage comme il lui plait, tandis que son père entend bien être respecté et ne pas s'écarter du sens de son pèlerinage. Au fil des kilomètres, pourtant, les deux hommes vont passer d'un rapport marqué par l'indifférence et l'hostilité à la reconnaissance de l'autre et, presque, à la réconciliation.

Il peut sembler courageux de faire, en France et en 2004, un film sur l'islam et le pèlerinage à La Mecque. Le risque est grand, en effet, de se faire taxer de prosélytisme, ou encore de transmettre une image caricaturale de la communauté musulmane. On peut craindre en outre une prise de position sur l'intégration, ou la non-intégration, des émigrés maghrébins dans la société occidentale. En fait, le propos d'Ismaël Ferroukhi, dénué de tout jugement de valeur socio-religieux, se concentre l'évolution du rapport entre un père et un fils, étrangers l'un à l'autre et enfermés dans une voiture entre le sud de la France et l'Arabie saoudite.

Dans la lignée des road-movies, le film retrace d'abord un voyage physique à travers dix pays que le père, pourtant loin d'être en bonne santé, insiste pour faire en voiture, les difficultés bien réelles du voyage donnant un sens à son pèlerinage. Mais le père et le fils vont surtout entamer un voyage intérieur à la rencontre de l'autre et s'engager sur des voies qui leur sont inconnues. Comment communiquer avec l'autre et accepter sa différence culturelle, linguistique et religieuse? Quelque part entre Zagreb et Belgrade, Réda observe que la route sur laquelle il se trouvent " n'existe pas sur la carte ", un constat qui vaut aussi pour les rapports entre les deux hommes. Ismaël Ferroukhi brouille du reste volontiers les repères géographiques et temporels. Des rencontres fugaces avec des êtres à la limite de l'imaginaire - en particulier la mystérieuse femme en noir au bord de la route -, accentuent l'aspect irréel de ce périple où le plus important n'est pas le but en soi, mais le chemin parcouru.

Premier long métrage du réalisateur d'origine marocaine (premier cinéaste à se voir accorder ce privilège de tourner à La Mecque!), ce road-movie à travers l'Europe et le Proche-Orient a reçu le Lion du Futur, Prix de la meilleure première oeuvre, au Festival de Venise 2004.

Festivals & prix

Leone del Futuro - Golden Lion "Best First Film" - Venice Film Festival 2004

artwork

Fiche technique

Titre original
Le grand voyage
Titre
Le grand voyage
RĂ©alisation
Ismaël Ferroukhi
Pays
Maroc
Année
2004
Scénario
Ismael Ferroukhi
Montage
Tina Baz-Legal
Image
Katell Djian
Son
Xavier Griette
Costumes
Christine Brottes
Production
Ognon Pictures
Formats
35mm, DVD, DCP
Durée
108 min.
Langue
Französisch, Arabisch/d/f
Interprètes
Nicolas Cazalé (Réda), Mohamed Majd (Le père)

Voulez-vous montrer ce film?

Merci de remplir ce formulaire.

Date(s) de projection Projection(s)
Organisation

Revue de presse

«Denn es braucht diese Filme mit Geschichten aus dem Alltag, die Parolen, Misstrauen und Missverständnisse in ihrer lähmenden Wirkung zeigen und imstande sind, sie ? vielleicht ? Makulatur werden zu lassen. »
NZZ am Sonntag

«Ferroukhi inszeniert die Konfrontation zwischen Vater und Sohn, die sich fremd sind und sich auf dieser Reise zum ersten Mal nicht mehr ausweichen können, mit wenig Worten, feinem Humor und starken Darstellern.»
Tages-Anzeiger

«Eindrücklich sind die zunehmend luziden Szenerien im Osten. Wichtig ist die innere Reise, vom Vater zum Sohn und vom Sohn zum Vater, die konfliktreiche Annäherung zweier Figuren, deren Werte und Lebenshaltung anfangs Gegenpole bilden.»
Filmbulletin

«Mekka als magischer Ort, Mythos und Phänomen ist in dokumentarisch-filmischer Form oft gewürdigt worden. Nun auch in einem klugen und emotionalen Spielfilm von Ismaël Ferroukhi. Er schildert in Le grand voyage die Pilgerreise – gewissermassen von unten gesehen.»
ProgrammZeitung

«Traumhafte Landschaften und Städte ziehen vorbei – Italien, Slowenien, Kroatien, Serbien, Bulgarien, die Türkei, Syrien, Jordanien, Saudi-Arabien. Derweil liefern sich die beiden hitzige Wortgefechte oder schweigen sich an und finden doch über das Trennende immer mehr zu sich und zu einander.»
Berner Zeitung

«Dem Konflikt zwischen dem revoltierenden Sohn, der seine eigenen Pläne wegen der für ihn bedeutungslosen Pilgerfahrt durchkreuzt sieht, und dem rechthaberischen, rechtgläubigen Vater gewinnen die beiden exzellenten Hauptdarsteller gut nachvollziehbare, teilweise auch humorvolle Facetten ab. Als spannendes Roadmovie plädiert Le grand voyage dabei nicht zuletzt auch unaufdringlich für Offenheit sowohl gegenüber «traditionellen» wie «modernen» Wertvorstellungen. Es lohnt sich, die Reise mitzumachen.»
Neue Luzerner Zeitung

«Mit gutem Auge für Details und alltägliche Feinheiten, inszeniert der Marokkaner Ismaël Ferroukhi ein Vater-Sohn Roadmovie, welches mit seiner Einfachheit und Klarheit zu überzeugen vermag, ohne in gähnende Langeweile oder überästhetische Bilder zu kippen. Eine Geschichte über Begegnungen zwischen Kulturen, Sprachen und Generationen, die berührt.»
Das Netzmagazin

«Eine schöne, 5000 Kilometer lange Liebesgeschichte zwischen Vater und Sohn.  Aus dem Machtkampf und den Demütigungen wächst eine neue Toleranz. Solche Lernprozesse kommen im Kino oft gähnlangweilig daher. Nicht bei Ferroukhi, der auch das Drehbuch schrieb. Er fand wunderbare Darsteller für seine zwei Streithähne (Nicolas Cazalé und Mohamed Majd), und er beschreibt ihre Annäherung mit leiser Komik. Immer wieder hält die Kamera die Seitenblicke fest: mal die des Vaters auf den am Steuer sitzenden Sohn, mal umgekehrt. Es sind vorsichtige, prüfende Blicke, die auch in den schwachen Momenten des anderen nicht vom Triumph gezeichnet sind. »
Schwäbisches Tagblatt

«Eine sensible und lehrreiche Annäherung an den Islam.»
Studio 

«Vater und Sohn verkörpern nicht nur die verschiedenen Generationen und ihre unterschiedlichen Wertesysteme oder den Graben zwischen Gläubigkeit und religiösem Desinteresse. Die beiden sidn auch ein Sinnbild für das ständige Misstrauen zwischen Orient und Okzident. Aus der engen Fahrzeugkabine heraus entwickelt sich ein geradezu exemplarisches Roadmovie, in dem "die grosse Reise" zur Selbsterkenntnis der Figuren führt.»
Züri-Tipp

«Scènes impressionnantes, et première fiction à prendre pour décor La Mecque même. Le metteur en scène possède un vrai sens classique de la narration : il tient son récit, sait cerner une situation d'un détail, joue habilement de l'opposition entre l'intérieur et l'extérieur.»
Télérama

«Ismaël Ferroukhis Film überzeugt durch seine Einfachheit und Klarheit, durch seine psychologische Feinheit und durch sein filmisches und schauspielerisches Kolorit, das die weite Fahrt zum spannenden Kino werden lässt.»
Der Bund

«La simplicité du film devient (...) sa force. (...) Le film finit par s'arracher à son récit, par tenir loin derrière ses conventions, et parvient au coeur de son périple : laisser le vent tracer une nouvelle route, invisible.»
Aden

«Une épopée humaniste transcendée par le regard bienveillant du cinéaste et deux acteurs intenses.»
Zurban

«Le Grand Voyage a à la fois une dimension sociale et une dimension familiale. Il se démarque des caricatures qui déshumanisent la communauté musulmane, entachée par une minorité utilisant la religion à des fins politiques.»
Le Monde

«Une approche sensible et instructive de l'Islam.»
Studio Magazine

«Habités par leurs personnages, seuls les comédiens portent le film jusqu'à son dénouement.»
Première

«Et la mise en scène d'Ismaël Ferroukhi a le mérite de jouer la simplicité.»
L'express

«On ne va guère demander à un jeune cinéaste, déjà aguerri à la direction d'acteurs de rivaliser d'emblée avec le Rosselini du VOYAGE EN ITALIE.»
Les Inrocks


Notes Du Réalisateur

La naissance du projet

Ce voyage à la Mecque était le prétexte idéal pour enfermer deux personnages opposés - bien que père et fils - dans une voiture et les forcer à communiquer. En outre, j?avais envie de raconter une histoire humaine sur deux protagonistes musulmans pour qu?on arrête de véhiculer des clichés sur une communauté foncièrement pacifique et tolérante.

La construction dramatique

Je voulais sortir de la contemplation liée au voyage, pour m?attacher totalement aux deux personnages : leur évolution intérieure m'intéressait bien plus que l'évolution géographique. Je voulais montrer que ce qui marque vraiment l'aboutissement du voyage, c?est le moment où Réda passe du respect à l'amour vis-à-vis de son père. Du coup, peu importe où ils se trouvent exactement.

La Mecque

C'est la première fois qu'un film est tourné à la Mecque. En plus, nous avons tourné pendant le pèlerinage! Mais ça a été extrêmement compliqué car l'autorisation qu'on avait décrochée à l'ambassade d?Arabie Saoudite n'avait plus beaucoup de valeur sur place. Les responsables locaux ont l'habitude d'équipes de télévision qui tournent en très peu de temps de plans standardisés, pas une équipe de cinéma qui a besoin de tourner deux ou trois fois la même scène.