Madrigal

DVD

«Tout n’est pas ce qui paraît être…» Voici la phrase qui résonne dans le film Madrigal de Fernando Perez, le réalisateur cubain de Habana Suite. Le jeu entre le réel et l’artificiel est fascinant dans Madrigal. Le récit raconte une histoire d’amour fou entre Javier, un jeune acteur de théâtre, et Luisita, une fille complexée et secrète. Le début de leur aventure est marqué par les méfiances de Luisita envers Javier et par les mensonges de ce dernier: il ne croit plus à l’amour et veut seulement profiter de la relation pour se procurer un appartement. Mais la découverte de la beauté intérieure de Luisita l’amène vers un amour profond et idéalisé. L’épilogue présente une histoire d’amour futuriste qui se déroule en 2020 et qui sort de la plume de Javier, alimentée par sa propre expérience amoureuse. Le Conte de Javier nous plonge dans un monde érotisé où le sexe, dépourvu de sentiment, est la valeur principale.

«Il ne faut pas se fier aux apparences» aurait pu être le titre de ce nouveau film de Fernando Pérez, tant ce dicton populaire court tout au long du film, revenant dans les dialogues, dans les situations, menant les personnages là où ils ne voudraient pas, ou ne devraient pas, aller. Il ne faut pas se fier aux apparences car derrière le titre précieux et à première vue vieillot, Madrigal, il se cache une œuvre avant tout passionnée et profondément contemporaine.

Madrigal, ce pourrait être aussi «On ne badine pas avec l'amour», où les sentiments amoureux sont entravés par des considérations - des besoins? - pratiques ou financières. Où le terre à terre et les nécessités de survie empêchent cette quête du bonheur auquel chacun aspire. Comme pour tous les autres films de Fernando Pérez, celui-ci n’entre dans aucune des catégories classiques. Il est proche, pourtant, d'un genre littéraire aujourd'hui quasiment disparu, tant il fut galvaudé, le conte philosophique. Mais ici, le genre n’est pas daté, car il a su allier l’humour noir (autorisant les allusions politiques à peine voilées) au romantisme le plus profond, permettant d’ailleurs une lecture universelle de cette histoire.

Tout ce contenu ne serait rien sans les images, bien sûr, puisque nous sommes au cinéma. Celles-ci savent transcender les scènes et les sentiments, déjouer les pièges et les lieux communs (qui ne peuvent manquer comme dans toute histoire d'amour) pour nous surprendre encore, même souvent nous déstabiliser. Car Fernando Pérez a, comme à son habitude, chassé les évidences, cherché les contre-pieds pour pousser le spectateur à l'ouverture. Dans ce monde qui se ferme de plus en plus, c'est, là encore, le visionnaire qui s'exprime.
Martial Knaebel


Festivals & prix

Berlinale Special 2007 Best Cinematography, Festroja Setúbal

artwork

Fiche technique

Titre original
Madrigal
Titre
Madrigal
RĂ©alisation
Fernando PĂ©rez
Pays
Cuba
Année
2007
Scénario
Fernando PĂ©rez, Eduardo del Llano, Susana Maria
Montage
Julia Yip, Iñigo Remacha
Musique
Edesio Alejandro
Image
Raul PĂ©rez Ureta
Son
Daniel Goldstein, RaĂşl Amargot
Costumes
Miriam Dueñas
DĂ©cors
Erick Grass, Carlos DĂ­az
Production
Wanda Vision, ICAIC
Formats
35mm, DVD
Durée
117 min.
Langue
Spanisch/d/f
Interprètes
Carlos Enrique Almirante (Javier), Liety Chaviano (Luisita), Ana de Armas (Stella Maris), Luis Alberto García (Angel), Carla Sánchez (Eva), Yailene Sierra (Elvira), Anciano Arpa (Armando Soler)

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Organisation

Revue de presse

Es ist selten, dass man das Kino verlässt und das Gefühl hat, man sei eine andere Person. Genau diese Sensation hatte ich, nachdem ich den jüngsten Film von Fernando Pérez gesehen habe. Weit entfernt von den bekannten kubanischen Themen, der politischen und sozialen, geleitet uns dieser Film ins Reich der Fantasie... «Madrigal» erinnert uns in seinen stärksten Momenten an Borges: Ein grossartiger Film. Roman Kunzmann, Punto Latino «Der kubanische Regisseur Fernando Pérez hat ein vielstimmiges und vielschichtiges Gefühlsdrama inszeniert... Pérez ist ein Meister der metaphorischen Harmonik, und alles - das Reale, das Theatralische, das Melodramatische - fügt sich zu einer grossen, schönen Traurigkeit, die einen nicht nur formal anregt, sonden auch menschlich berührt.»
Christoph Schneider, Züritipp

«Fernando Pérez échappe dans Madrigal aux caractéristiques traditionnelles du cinéma cubain, où des éléments de la vie quotidienne se con-juguent avec des éléments représentatifs de la culture de cette île caribéenne.»
Le cinelatino

«Als hätte Magritte seine Bilder im heutigen Havanna gemalt, so habe er sich diesen Film erträumt, sagt Fernando Pérez über «Madrigal». Als filmisches Spiegellabyrinth zwischen Traum und Wirklichkeit.»
Florian Keller, Tages-Anzeiger

«Die Musikwissenschaft definiert das Madrigal als einen weltlichen Gesang von musikalischer und poetischer Vielstimmigkeit. Besonders im 16. Jahrhundert, liest man, sei es zu wunderbaren Kompositionsexperimenten voller kühner Chromatik, harmonischer Kontraste und raffinierter Wortmalerei gekommen; und das passt jetzt sehr gut auf den neuen Spielfilm des Kubaners Fernando Pérez («La vida es silbar»).»
Züritipp

«Natürlich ist jeder Film ein politischer Film, aber nach Suite Habana mit seiner expliziten Darstellung des kubanischen Alltags, wollte ich eine poetischere Sicht auf Havanna. Madrigal stellte für mich eine doppelte Herausforderung dar: Zum einen, weil er mit dramaturgischen Regeln bricht, zum anderen, weil ich ausprobieren wollte, wie ich – wie David Lynch gesagt hat – das Unsichtbare sichtbar machen und die Realität reflektieren kann, ohne sie direkt widerzuspiegeln.» Fernando Pérez Fernando Pérez, der wichtigste und erfolgreichste Filmschaffende aus Kuba, hat diesen Film dem Franzosen René Clair gewidmet. Dieser hatte 1955 seinen Film LES GRANDES MANOEUVRES gedreht, in dem Gérard Philipe als junger Offizier darum wettet, dass er das Herz von Michèle Morgan gewinnen wird, der schönsten und geheimnisvollsten Frau der ganzen Stadt. Was als das Spiel eines Charmeurs beginnt, entwickelt sich zu einer Leidenschaft auf beiden Seiten, endet aber dramatisch, als die Frau von der ursprünglichen Täuschung erfährt. Gérard Philipe aber liebt sie inzwischen tatsächlich. Er bittet die erzürnte Geliebte um Verzeihung. Als Zeichen ihrer Gnade solle sie das Fenster öffnen, wenn er bei der Parade an ihrem Haus vorüberzieht. Doch das Fenster bleibt geschlossen. René Clair hatte einen anderen Schluss vorgesehen, der nicht realisiert worden ist, weil die Produzenten ihn als zu tragisch empfanden. Mit MADRIGAL rettet Pérez das Ende in einer Liebesgeschichte, die im Havanna der Gegenwart spielt und von der Leidenschaft handelt, ja die Leidenschaft umsetzt. MADRIGAL est dédié à René Clair. Pourquoi ? En 1955, le réalisateur tournait son film LES GRANDES MANOEUVRES, où Gérard Philipe, en jeune officier, parie qu'il dérobera le coeur de Michèle Morgan, la femme la plus belle et la plus mystérieuse de toute la ville. Ce qui débute comme le jeu d'un séducteur devient une passion mutuelle mais se termine de façon dramatique lorsque la femme découvre le subterfuge initial. Pourtant, entretemps, Gérard Philipe l'aime réellement. Il demande pardon à sa maîtresse en colère. Pour lui signifier sa grâce, elle doit ouvrir la fenêtre quand il passe devant sa maison lors de la parade militaire. Mais la fenêtre reste close. C'est la fin du film tel que nous le connaissons. René Clair avait toutefois prévu un autre épilogue qui ne fut pas réalisé parce que les producteurs le trouvaient trop tragique : Michèle Morgan, blessée et bouleversée, ouvre le robinet du gaz dans sa chambre. Un domestique la découvre, morte. Il sent l'odeur de gaz et ouvre la fenêtre. Au même moment, Gérard Philipe défile sous les fenêtres de la maison, lève les yeux et croit que sa bien-aimée lui a tout pardonné. MADRIGAL sauve la fin de cette histoire d'amour qui se déroule à La Havane, de nos jours. Fernando Pérez «Fernando Pérez réussit à dépasser les frontière entre la réalité et la fiction pour arriver dans un lieu de narration purement libre.»
Walter Ruggle