Yi Yi

Cinéaste rebelle et désenchanté, Edward Yang est décédé à l’âge de 59 ans, le 29 juin 2007. Sa disparition a mis prématurément un terme à une œuvre aussi exceptionnelle que rare (seulement huit long-métrages tournés entre 1988 et 1999). Sorti en septembre 2000, Yi Yi fait hélas figure de testament, Yang n’ayant rien pu tourner ensuite. En mandarin, «Yi Yi» signifie «un par un», «l’un après l’autre» ou «tou·tes et chacun·e»...

Chronique d’une famille taïwanaise des années 2000, ce film fleuve décrit subrepticement le drame lancinant du tiers exclu. Par le prisme de trois personnages appartenant à des générations différentes, il narre une myriade d’histoires. Yang Yang est un enfant vivant et curieux de tout, qui photographie les nuques. NJ, son père, se comporte en adulte englouti par le compromis. Enfin, la grand-mère apparaît comme la gardienne de l’invisible, au seuil de la mort. À eux trois, les personnages dessinent de façon miraculeuse le grand mouvement de la vie. Faute de moyens de production, Yang n’a pas pu donner une suite à ce chef-d’œuvre, qui bénéficie désormais d'une copie restaurée pour son 25e anniversaire. Un film culte à (re)voir absolument.

Festivals & prix

Festival de Cannes 2000: Prix de la mise en scène
FIFF – Festival international du film de Fribourg 2001: Regard d'or

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Fiche technique

Titre original
Yi Yi – A One and a Two
Titre
Yi Yi
Réalisation
Edward Yang
Pays
TaĂŻwan
Année
2000
Scénario
Edward Yang
Montage
Bowen Chen
Musique
Kailli Peng
Image
Weihan Yang
Son
Du Duzhi
Production
J 1+2 Seisaku Iinkai, Pony
Formats
35 mm, DVD, DCP
Durée
173 min.
Langue
Mandarin taĂŻwanais, japonais/d+f
Interprètes
Nien-Jen Wu (NJ), Elaine Jin (Min-Min), Issey Ogata (Ota), Kelly Lee II (Ting-Ting), Jonathan Chang (Yang-Yang), Hei-Sheng Chen (Ah-Di), Su-Yun Ko (Sherry), Shu-shen Hsioa (Hsiao Yen), Adrian Lin (Li-Li), Pang Chang Yu (Fatty)

Events

Nouvelle sortie en copie restaurée

Dans le cadre du programme «Les Nouvelles Vagues taïwanaises» de la Cinémathèque suisse

Yi Yi de Edward Yang

Vendredi 21 novembre, 20h: présenté par le critique et historien du cinéma Jean-Michel Frodon

Dimanche 30 novembre, 17h

Samedi 13 décembre, 20h

Dimanche 28 décembre, 14h

Cinémathèque suisse, Capitole, Lausanne

Documents

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Plus sur ce film dans notre magazine

Image de film «Yi Yi»
Tribune

Ă€ propos des choses invisibles dans la vie

Quel coup de cœur! Quel joie de le (re)voir restauré! Edward Yang nous raconte d’une manière délirante dans son chef-d’œuvre l’histoire d’une famille à Taïwan. NJ Jian, sa femme Min-Min et leurs deux enfants forment une famille de la classe moyenne. Ils et elles partagent leur appartement de Taipei avec la grand-mère. Comme beaucoup d’hommes dans la quarantaine, NJ en est à un ...

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Revue de presse

«Une épopée familiale, ample et chaleureuse, aux résonances universelles.» Jean-Michel Frodon

«Yi Yi est un autre nom pour l’espoir qu’Edward Yang a transmis aux futurs spectateurs, à savoir que le monde vaut toujours la peine d’être aimé.» Ryusuke Hamaguchi

«Man vergisst ihn nicht wieder, den kleinen Knaben, der mit seinem Heft in der hand vor den Sarg mit seiner toten Grossmutter tritt und ihr vorliest, warum er ihr in der zeit des Komas nach dem Hirnschlag nie etwas erzählt habe.» Der Bund

«Loin de tout exotisme, de tout cynisme, Edward Yang regarde sans fard la pâte humaine, mais son amour désespéré de l'art nous le rend bien proche.» Télérama

«Yangs szenische Welt ist so reich, dass sich Auftrumpfen mit Einzelideen erübrigt. Ganz beiläufig wächst der Familien- auch zum Gesellschaftsroman heran, dem stillen Drama der grossen Vereinzelung, der freilich ein gelassenes und ungemein tröstliches Vertrauen in die Regenerationskraft jeder verlorenen Seele entgegensteht.» Tages-Anzeiger

«Yi Yi est son chef-d'oeuvre, et beaucoup plus que cela encore : une percée du cinéma, comme il s'en produit une ou deux par décennies.» Les Inrocks

«Ce qui frappe en premier lieu, c'est la clarté de la réalisation et du scénario qui font se croiser les fils de la narration avec un sens quasi musical.» Positif

«Ein wunderbar präzise beobachtetes Porträt von Familienmitgliedern, die ihr Leben neu überdenken müssen.» Der Spiegel

«Les trajectoires entremêlées de personnages de tous âges dessinent un paysage d'une beauté énigmatique.» Le Monde

«Il ne servirait à rien de dire que Yi Yi d'Edward Yang est meilleur que tel film ou plus fort que tel autre présenté sur la Croisette. Yi Yi respendit à leurs côtés et n'écrase personne: il est tellement différent, il est tellement ailleurs. (...) Yi Yi parle de nous et de nous tous.» Libération

«Un film à la fois yin et Yang.» Les Cahiers du cinéma

«La vie. Ce cadeau empoisonné, cette aventure dont on ne sort pas vivant, ce voyage magnifique et tourmenté...» La vie et rien d'autre, c'est le thème qu'embrasse Edward Yang dans Yi Yi. Le réalisateur taïwanais explique: «Je voulais filmer la vie. Essayer de comprendre et de faire partager les sentiments que nous éprouvons tous dans certaines circonstances. On est triste, on est heureux, on a de la sympathie pour quelqu'un, on se réveille en se posant des tas de questions, toujours les mêmes.» Significativement, Yi Yi commence par un mariage et se termine par un enterrement, comme un raccourci des cycles de l'existence. Entre ce pôle clair et ce pôle obscur, les jours et les peines, les démons et les merveilles, le yin et le yang. Les individus s'agitent au sein de cette grande fourmilière qu'est le monde moderne. De Taipei, on ne voit que les reflets dans les vitres, des fragments d'architecture fonctionnelle ou opulente, des bouts de rues, des feux rouges, des appartements regorgeant de luxe et de toc. «Cette société déshumanisée exprime le passage de la culture traditionnelle chinoise à la pop culture américaine qui nous fascine complètement. Derrière, il n'y a rien. Alors on se réfugie dans des croyances bricolées. Des superstitions, des fausses idoles, l'argent. Et un jour, vous craquez. Ou alors, dans le silence subit d'un bar à karaoké touché par la grâce, vous jouez Bach» déclare Edward Yang. L'Hebdo

«Das beste, was ein Filmemacher zu sagen hat, sollte womöglich in seinem Film drin gefunden werden und nicht auf einem Blatt Papier.» Edward Yang

«Voilà une œuvre fleuve sur de petits riens, qui parvient à faire circuler les mutations sociales et économiques de son pays, qui parle de mort, de désir, de farces enfantines, de souvenirs et de regrets aussi. Ou comment chacun trouve sa place dans le monde, dans la société, dans la famille. (...) Nous revoilà à la frontière des superlatifs. Irrésistiblement. Car tout dans ces images en ligne claire, d'une scène à l'autre, d'une situation pour laquelle des cinéastes vendraient leur mère (...), tout converge bientôt vers une chronique d'une fulgurante familiarité avec n'importe quelle vie, d'ici comme des rues de Taipei.» Le Temps