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Moufida Tlatli

08.02.2021

La première réalisatrice du Maghreb

Moufida El-Talatli a été l’une des femmes les plus remarquables du cinéma, et non seulement dans le monde arabe où elle fut parmi les premières à avoir réalisé son propre film. Née en 1947 à Sidi Bou Saïd en Tunisie, elle a étudié le montage à l’IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) à Paris de 1966 à 1968. Elle a signé le montage de nombreux films, dont «Omar Gatlato» de Merzak Allouache (Algérie, 1977), «Nahla» de Farouk Belloufa (Algérie, 1979), «Dhil el Ard» de Taïeb Louhichi (L’Ombre de la terre, Tunisie, 1982), «Mémoire fertile» et «Le cantique des pierres», tous deux de Michel Khleifi (Palestine, 1980 et 1990). Elle a aussi travaillé avec les Tunisiens Mahmoud Ben Mahmoud (Traversées, 1982, Ferid Boughedir (Halfaouine, 1990), Abdellatif Ben Hammar (Aziza, 1980). C’est aussi elle qui a monté la première œuvre de Nacer Khemir, «El Haïmoun» (Les baliseurs du désert, 1984), que trigon-film propose depuis l’année dernière dans une version restaurée. Cette énumération, non exhaustive, des collaborations de Moufida Tatli avec des réalisateurs qui ont marqué l’essor du cinéma du Maghreb et son histoire attesterait déjà de son talent de technicienne du cinéma.

Cependant, c’est comme réalisatrice qu’elle se fera connaître et qu’elle sera reconnue. Son premier film, «Samt Al Qusur» (Les silences du palais, 1994), est une plongée fascinante, et émouvante à la fois, dans une société patriarcale étouffante, engluée dans les non-dits. Une jeune chanteuse retourne dans le palais de son enfance où sa mère est toujours servante. Son père, elle ne le connaît pas et ce sont les silences de sa mère que la jeune femme voudrait briser. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, le film fut récompensé de la Caméro d’or, accordée au meilleur premier film de toutes les sélections cannoises. Dans son deuxième film, «La saison des hommes» (2000), Moufida Tlatli revient sur un thème similaire, situé sur l’île de Djerba où les femmes seules attendent leurs maris partis travailler au loin et ne revenant que pour un mois dans leurs foyers. N’ayant pu réaliser que trois films de fiction, Moufida Tlatli restera pourtant la réalisatrice qui aura ouvert les portes aux nombreuses femmes qui, maintenant, dirigent leurs propres films. Elle fut, et restera dans le souvenir de beaucoup d’entre nous, une grande dame du cinéma arabe, mais aussi mondial.


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